Cet article a été initialement écrit début 2017 pour Zeste de Savoir. Pour des raisons de ligne éditoriale, il n’y a jamais été publié. Ce qui est écrit est vrai, mais volontairement partial et non exhaustif. Tous les smileys sont issus de Zeste de Savoir et sont sous licence GNU GPL. Bonne lecture.

La bourse, ce monde de fous. Des gens font fortune avec, d’autres y perdent leurs économies. On en entend parler un peu partout sans vraiment savoir ce que c’est. Il est vrai que cet univers est difficile à appréhender. Heureusement, cet article va vous expliquer simplement les bases de la bourse. À la fin, vous devriez avoir compris ce qui se cache sous ce terme qui fait tant rêver ! Dans une première partie, nous verrons ce qui se cache derrière le terme de bourse et pourquoi il est objet de tant de fantasmes. Ensuite, nous évoquerons la manière dont un particulier peut jouer en bourse. Cet article n’a pas pour objectif de couvrir tout cet univers : de nombreux livres très épais existent pour cela. Il s’agit ici d’apporter des bases à ceux que cela intéresse. Enfin, si vous n’avez aucune notion, n’essayez pas de tout comprendre d’un coup. Un concept à la fois, ce sera déjà très bien !

Commençons en douceur par voir le concept fondamental de marché, puis nous nous focaliserons sur un produit de base : l’action.

C’est quoi, la bourse ?

En voilà une bonne question : c’est quoi, « la bourse » ? Pour faire simple, c’est un gigantesque marché où on achète et on vend des choses. Des gens ont des choses à vendre, d’autres viennent pour en acheter. On négocie les prix, on fait de bonnes affaires, ou pas. Mais quelles sont ces choses qui se vendent ? Il y a différents types de marchandises : des matières premières, comme du pétrole ou de l’or, mais aussi et surtout des morceaux d’entreprise.

Des morceaux d’entreprise ? C’est à dire ?

Une entreprise n’est pas forcément détenue par une seule personne, tout comme une maison peut appartenir à plusieurs personnes. Si vous êtes mariés et que vous achetez une maison ensemble, chaque personne du couple possède une moitié de la maison. On parle de part : le logement est divisé en deux parts égales, vous avez une part chacun. Supposons que par malheur, vos parents décèdent et que vous, vos frères et vos sœurs héritez de leur maison. Si vous êtes 5 dans la fratrie, vous possédez chacun un cinquième, chaque part représente donc 20% de la maison. Ainsi, comme pour une maison, une entreprise peut appartenir à plusieurs personnes. Cela n’arrive pas que dans le cas d’héritage ou de mariage : le propriétaire peut décider de vendre une part à quelqu’un d’intéressé.

Quel est l’intérêt ?

Pour le propriétaire, cela lui permet d’avoir de l’argent tout de suite. Supposons que Madame Dupont ait créé une entreprise qui fabrique des balais. La somme de ses machines, outils, matières premières et tout ce qui fait sa société vaut 100.000 euros. Si elle vend 10% de son entreprise à Monsieur Dubois, cette personne va lui donner 10% de 100.000 euros, soit 10.000 euros en échange d’une part de la société. Madame Dupont aura donc tout de suite 10.000 euros qu’elle pourra utiliser pour augmenter sa production de balais.

Et Monsieur Dubois, il a quoi ?

M. Dubois, il a une part de la société. :D L’intérêt, c’est qu’avec l’investissement réalisé par Mme Dupont, l’entreprise va fabriquer des balais de meilleure qualité qui vont mieux se vendre (on espère). Elle va donc gagner plus d’argent. Et au bout d’un an, la société ne vaudra plus 100.000 mais 150.000 euros. M. Dupont, lui, possède toujours 10% de l’entreprise, mais cela représente maintenant 15.000 euros, alors qu’il a acheté cette part pour seulement 10.000 euros !

Waw, donc il a gagné 5.000 euros ! Mais attends… Comment il fait pour récupérer concrètement l’argent ?

C’est là que ça se complique. Pour obtenir cette somme en espèces sonnantes et trébuchantes, il doit revendre sa part. À qui ? Eh bien, à qui en veut… Et où trouver des gens intéressés ? Sur les marchés dont on parlait au début de l’article ! :D

En pratique, voici comment ça se passe. Le propriétaire de l’entreprise, Madame Dupont dans notre cas, décide de vendre des parts de sa société sur les marchés. On appelle cela une introduction en bourse. Il existe des marchés partout dans le monde : en Allemagne (la bourse de Francfort, par exemple), en France (la bourse de Paris), …

Pour réussir une introduction en bourse, il faut trouver suffisamment de personnes intéressées pour pouvoir réunir le montant souhaité. L’idée, c’est que Madame Dupont, elle a besoin d’un certain montant, disons 50.000 euros pour acheter une machine. Une fois qu’il y a suffisamment d’intéressés pour atteindre cette somme, il est nécessaire que personne n’annule à la dernière minute, car sinon, tout tombe à l’eau ! Il est possible de passer par une banque spécialisée pour gérer cela.

Ce marché où des parts sont cédées pour la première fois s’appelle marché primaire. Il n’est pas accessible à tout le monde, notamment pour les raisons évoquées précédemment. Quand par la suite, les parts s’échangent entre différentes personnes sans contrôle de l’entreprise, on parle de marché secondaire. Dans la suite de cet article, sauf mention contraire, nous parlerons uniquement du marché secondaire.

Dans cet univers, les parts d’entreprise sont appelées actions. Nous allons nous attarder sur cette notion capitale dans le monde de la bourse.

Moteur… Action !

Nous avons vu qu’une société peut être introduite en bourse, ce qui signifie que des gens peuvent en acheter des morceaux appelés actions. Madame Dupont a beaucoup travaillé depuis la dernière fois et son entreprise de balais vaut maintenant un million d’euros. Elle décide d’en introduire 10% en bourse, ce qui représente 100.000 euros.

En pratique, une introduction en bourse ne se fait pas comme ça d’un claquement de doigts. Pour cet article, nous restons dans le concept sans aller dans les détails.

Mais 100.000 euros, c’est beaucoup d’argent et personne ne veut dépenser cette somme ! Heureusement, cette part peut être divisée en plus petites parts de 100 euros par exemple, ce qui est plus abordable. Ainsi, 1000 actions valant chacune 100 euros peuvent être acquises par des gens intéressés, qu’on appelle investisseurs. Et c’est une fois que ces investisseurs possèdent ces parts que ça se gâte. :D Comme évoqué précédemment, pour récupérer l’argent en espèces, il faut revendre ces actions. Sauf que sur le marché, on peut négocier les prix. Ainsi, un nouvel arrivant peut dire « je veux bien acheter une part, mais à 95 euros ». Libre aux détenteurs d’accepter ou pas. Inversement, un investisseur peut dire « je vends mes parts à 105 euros » : si l’entreprise se porte bien, cela peut valoir le coup pour le nouvel acquéreur, car la société peut gagner plus d’argent et prendre de la valeur. Et quand c’est le cas, les compagnies donnent en cadeau aux investisseurs des sous pour les remercier : ce sont des dividendes. Ainsi, si Madame Carreau achète une action à 105 euros, elle la paye plus cher que la personne qui la lui a vendue, mais elle va peut-être aussi recevoir 10 euros de dividende de la part de Madame Dupont qui fait tourner l’entreprise.

Wow… Donc on peut acheter des actions, les vendre plus cher que leur prix d’achat, et en plus toucher une récompense ? C’est génial !

C’est génial si ça vous arrive, sauf que ce n’est pas toujours le cas. Si l’entreprise dans laquelle vous avez investi se porte mal, par exemple parce qu’un concurrent fait baisser ses ventes, vous n’allez pas toucher beaucoup de dividendes. En plus, personne ne voudra racheter vos parts, parce qu’une société qui ne fonctionne pas bien, ce n’est pas très sûr. Imaginez qu’elle fasse faillite : vous avez tout perdu ! Peut-être que des personnes accepteront de racheter vos parts au rabais, en espérant que les affaires reprennent.

Ah, on peut aussi tout perdre ? Mais c’est super dangereux !

Eh oui ! En pratique, les entreprises cotées en bourse sont très grosses et solides, il y a donc assez peu de chances que vous perdiez tout du jour au lendemain. Cela peut quand même arriver : en 2008, une banque a fait faillite, et les investisseurs se sont retrouvés avec… plus rien.

Pour estimer la valeur d’une action, on se base sur son cours. Il correspond au prix de la dernière transaction. Concernant les sociétés d’ampleur comme des banques ou des grandes compagnies de travaux publics, il y a tellement d’achats (des demandes) et de ventes (des offres) à tout moment que le cours ne varie que de quelques centimes à chaque fois. On dit que c’est une valeur liquide. Du coup, si vous voulez acheter des parts pour les revendre plus cher, cela peut prendre du temps.

Un exemple pour récapituler tout cela : la banque française Société Générale est cotée en bourse à Paris, c’est-à-dire qu’on peut acheter des actions de cette entreprise sur le marché parisien. Regardez l’évolution du cours de l’action entre le 6 et le 10 février 2017. Cette courbe est issue du portail d’informations économiques BoursoramaCours de l'action Société Générale

On peut observer que l’action perd de la valeur entre le 6 et le 8 février, puis en reprend le 9, etc. Pour gagner de l’argent, l’idée est d’acheter lorsque le cours est bas et revendre lorsque le cours est haut. Il faut réussir à deviner ce qui va se passer, c’est extrêmement difficile : même les professionnels se plantent ! Le graphique du bas indique le volume d’échange, c’est-à-dire la quantité d’actions échangées par intervalle de temps. Sur cette valeur, des milliers d’actions sont échangées chaque minute, elle est liquide. Il y a tout le temps des gens qui veulent acheter ou vendre sans discuter les prix, donc ça va très vite.

À Paris, on peut effectuer des transactions de 9h à 17h35 du lundi au vendredi. Ce sont des ordinateurs qui reçoivent les ordres et qui mettent en relation acheteurs et vendeurs. On appelle cela la cotation assistée en continu (CAC). Vous avez déjà entendu parler du CAC 40 ? Il s’agit des 40 plus grosses entreprises cotées à la bourse de Paris.

Si vous avez compris la notion d’action, félicitations ! :) C’est la base de la bourse. Nous avions évoqué le fait qu’on peut aussi marchander d’autres produits sur les marchés. Nous allons maintenant passer au côté obscur de la bourse : les produits dérivés ! :diable: